Faire du théâtre, ce n'est pas anodin
- Cédric Klein
- 31 août
- 2 min de lecture

Salut à toi, l'élève qui démarre la pratique du théâtre.
Ce qui m’apparaît certain, c’est que ce que tu entreprends cette année, faire du théâtre, n’est pas une entreprise anodine. Et pour cause. Il n’y a qu’un seul instrument à la pratique du théâtre : c’est toi-même. C’est à dire ton corps, ta voix et ton esprit. Tout découle de cela : ce que tu vas donner à voir, ta manière de te déplacer, de rentrer et sortir de scène, les histoires que tu vas raconter, les émotions que tu vas jouer, les personnages que tu vas incarner, les silences que tu vas marquer, la pudeur ou l’extravagance dont tu vas faire preuve, …
Pour faire tout cela, tu n’as besoin que d’une seule chose, c’est toi-même. Toi-même comme seul instrument. Cet instrument, il est toujours avec toi et il est toujours à disposition. En voilà une bonne nouvelle !
Et pourtant, faire du théâtre, ce n’est pas anodin. En effet, toute la journée nous cherchons à falsifier, ou tout du moins, à bidouiller qui nous sommes, pour ne laisser voir que ce qu’on veut bien montrer aux autres. Le fameux masque social. On bidouille sa manière de marcher, sa manière de parler, sa manière de réagir, on dissimule cette émotion-ci et on amplifie cette émotion-là, on se refuse de
faire ceci pour ne pas faire croire cela, on jauge les autres, on se jauge soi-même, on juge les autres et on se juge soi-même, ….
C’est normal, tout le monde le fait. C’est une manière de se protéger au gré des situations que l’on rencontre. Dehors c’est difficile, c’est risqué. Tout ce que l’on fait porte à conséquence.
Mais ici, dans un cours de théâtre, c’est tout le contraire ! Ici, tu ne risques rien, absolument rien. Le pire qui puisse arriver est que tu te surprennes ou que tu surprennes les autres. Car tout ce que l’on fait au théâtre, c’est pour de faux. Ça n’a donc aucune conséquence réelle. C’est à la fois formidablement inutile (puisque c’est pour de faux) et admirablement nécessaire (puisqu’on peut tout y faire). Et c’est là tout le paradoxe de la pratique théâtrale : en jouant des personnages qui ne sont pas toi, il t’est permis d’être toi-même. Quelle liberté que celle qui s’offre à toi !



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